Abîme nocturne... [PV Roksana]

Abîme nocturne en C mineur.
Sujet privé avec Roksy'

La représentation était enfin terminée. Dimitri n’était même pas retourné sur la piste pour saluer le public, fatigué par cette journée longue et riche en émotions. D’abord un petit nouveau qui traine dans ses bottes et puis son corbeau qui bat de l’aile quand il ne faut pas. C’était le monde à l’envers !
Enervé, à sa façon, Dimitri rentra sans même frapper ou faire place à une autre personne dans l’Eden qui était encore vide à cette époque de la soirée. Son corbeau croassant sur son épaule droite, il le prit vivement dans ses mains, une fois arrivé au fond des dortoirs avant de le mettre sur son perchoir habituel. Grimpant lestement sur son lit en hauteur, il laissant pendre ses jambes dans le vide sur le côté de la longueur de lit, admirant silencieusement la peinture qui s’écaillait sur les fines parois de bois contreplaquées. Un soupir lui échappa alors qu’il attrapait machinalement son carnet à idées dans la poche de son vieux jean usée qu’il avait laissé trainé là, datant de la veille. Encore vêtu de son costume de scène, il ne pensa pas à l’enlever alors qu’il commençait à écrire sur le papier jaunit par l’âge. Une chanson lui avait dit Russel ; une nouvelle musique pour la fin des spectacles, soit disant que celle qu’ils avaient en ce moment l’agaçait… Soit, il en écrirait une de chanson…
Son écriture ressemblait plus à des pattes de mouche qu’à une écriture noble et irréprochable, mais après tout, cela faisait plus de 100 ans qu’il avait quitté l’école… Des notes commençaient à apparaitre, l’une à la suite de l’autre, tantôt barrées, tantôt gardées ou entourées. Compositeur et musicien dans l’âme, Dimitri avait choisit le grade de prestidigitateur plus pour montrer de quoi il était capable plutôt que de rester caché derrière son rideau à la musique qu’il aime tant…
Déposant son carnet sur le rebord du lit, il attrapa une vieille guitare qui lui restait de son temps, l’accorda en quelques minutes avant de jouer quelques arpèges mélodieux en chantonnant un petit air entrainant et annonçant la fin du spectacle…
Les paroles allaient à merveille et avec le thème, et avec l’instrument, à croire que l’homme avait fait une belle carrière de chanteur avant d’arriver chez MR. SAWYER. Mais il n’en était, juste un bon à rien avec des mains agiles… Concentré sur sa musique, le corbeau le regardant de ses yeux noirs, brillant dans le lumière décroissante des stands au dehors, bientôt, il ferait nuit noire dans les dortoirs et il serait l’heure du couvre-feu…

« Mais qu'est-ce que c'est que ce boucan? »

« Je… Je vais le faire taire. »

« Mr. Sawyer voudrait que vous arrêtiez votre musique. Elle n'est pas mauvaise, loin de là, mais il est irritable quand il manque de sommeil. »

Dimitri ne dit rien, comme à son habitude. Il ne regarda pas tout de suite la jeune femme qui venait de faire irruption dans son espace privé, il finit d’abord son accord, pour achever le morceau mélodieusement, Sawyer ou pas dans sa chambre et manquant de sommeil. Levant les yeux de sa guitare, c’est là qu’il vit Roksana. L’assistante de Sawyer ne lui était pas inconnue, loin de là mais il ne l’appréciait pas tant que ça, trop proche du pouvoir pour lui, trop attirée par le maître. La saluant et acquiesçant à sa remarque et demande d’un coup de tête, il regarda alors, son faire paraitre la moindre émotion sur son visage, le corps meurtris de la femme. Il savait que le maître n’était pas sain d’esprit, il savait d’ailleurs aussi qu’il abusait, plus souvent peut-être que de coutume l’assistante qui lui servait de Punching-ball parfois, mais au point de lui faire mal.
Le corbeau croassa méchamment sur son perchoir, battant des ailes bruyamment avant de s’envoler vers le jeune, ou presque, prestidigitateur russe. Tendant son bras pour qu’il puisse s’y poser, Dimitri descendit néanmoins du lit pour parler à la demoiselle, qui n’était pas mariée à ce qu’il pouvait en savoir…

Il avait posé sa guitare dans l’étui habituel, vieux, usé mais étui tout de même où il sentait sa guitare en sécurité. Adam n’était pas là ce soir, pas encore. Il devait travailler ou trainer dans les parages avant de revenir. Dimitri était seul, mais il savait bien qu’il devrait parler, chose qu’il ne faisait que par obligation ou par désir, mais là, c’était plus par loyauté, politesse et dignité d’humain encore sensible.
Le corbeau étai monté sur son épaule, lui aussi regardait fixement Roksana, son corps svelte caché derrière le textile fin de sa robe de chambre. L’oiseau lui non plus ne semblait pas insensible aux blessures dont l’odeur du sang, entêtante, devait le répugner à cet instant.
Dimitri baissa sa tête. Il ne valait mieux pas tenter le diable ce soir, Sawyer l’attendait, peut-être même le plus impatiemment possible, mais il ne pouvait pas…

Un prestidigitateur qui s’improvise soigneur, voyez vous ça ! Mais en effet, après avoir vécut seul en errance pendant si longtemps, Dimitri avait eut la chance de cumuler quelques baumes d’excellente qualité dont la douceur r et la force médicinale de faisait qu’accroitre au fil des ans… D’un geste vif, faisait s’envoler son compagnon aux plumes noir à nouveau vers son perchoir, le russe ouvrait déjà l’un des pots posés sur son lit, pour commencer à en appliquer à la jeune femme…

Dit-il simplement, ne craignant en cet instant pas les foudres du maître incontesté de ces lieux.

» Roksana & her desire.
» MENDES, Roksana Evaelle
» < Grisaille et songes. > pv Roksana.